CLERKS, l'éclat de rire de la Semaine de la Critique, du Sundance
Film Festival 1994 et de la sélection New Directors/New Films du Museum of Modern Art, est le premier
long métrage du scénariste-réalisateur Kevin Smith, 23 ans. Le film a été réalisé en vingt et un jours pour un budget de 27.575 dollars. Outre l"écriture et la mise en scène, Smith en a assuré la production et le montage (en association avec Scott Mosier, qui fait également fonction d'ingénieur du son). La photo, en noir et blanc, est signée David Kein, un ancien condisciple de Smith et Mosier à la Vancouver Film School.
Le Charme Discret des Superettes Les superettes, qui fleurissent depuis plusiers années avec un succès variable, sont souvent décriées. On leur reproche d'être exiguës, peu accueillantes, mal approvisionnées. Elles n'offrent, selon leurs détracteurs, des aliments qui flirtent dangereusement avec la DLC (date limite de consommation). De leurs caissiers, on n'attend guère qu'une chose: qu'ils sachent rendre la monnaie et ne houspillent pas le clientèle.
Mais pour Smith, un commerce comme celui0là peut être
bien davantage qu'un lieu de passage anonyme pour cleints pressés. Le réalisateur de CLERKS parle en
connaissance de cause: il a travaillé dès l'âge de dix-neuf ans au Quick Stop de Leonardo (New
Jersey), et donne encore parfois un coup de main au patron: Ce Magasin, semblable à des millions d'autres, ne fut pas seulement pour Smith une source de revenues, mais une source d'inspiration, avant de devenir le décor vendette de son premier film. Le réalisateur et Mosier installèrent aussi une table de montage dans le vidéo-club attenant et servirent consciencieusement les clients jusqu'à 22h30 avant de travailler au montage de CLERKS. Pour gagner du temps, ils allèrent jusqu'à dormir sur place, de sorte que Smith n'avait qu'un saut à faire pour ouvrir le Quick Stop à 6 h du matin. La superette devint un studio pour plusiers comédiens en herbe et abrita l'idylle naissante de deux d'entre eux: Jeff Anderson (Randal) et Lisa Spoonauer (Caitlin), aujourd'hui fianceés. "CLERKS est un film sur la consommation", explique son scénariste-réalisateur. Mais Dante et Randal, tout en ayant des appétits physiques parfaitement normaux, sont aussi d'intarissables parleurs, qui aiment à confronter leurs philosophie, leurs notions antagonistes de l'ordre et de la discipline. Ils symbolisent à leur maniére, et en toute inconscience, l'éternel combat du moi et du sur-moi. |
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